Macron – MBS : connexion assassine, 2ème partie (5/2023)


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Mohammed ben Salmane dans sa vingtaine ; Emmanuel Macron jeune trentenaire.

« Macron – MbS : connexion assassine » est une série journalistique en plusieurs parties. Elle porte sur les relations entre l’État français et l’Arabie Saoudite. La série se concentre sur les rapports entre ses deux dirigeants actuels, Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane, sur la guerre au Yémen alimentée par les armes françaises, ainsi que sur le pétrole saoudien sur fond de crise climato-énergétique – Nicolas Barbier,  journaliste-chercheur, docteur en géographie.

La 1ère partie

Bande-annonce vidéo

2ème PARTIE

LA TRAJECTOIRE de Mohammed ben Salmane (MbS), prince héritier du royaume de l’or noir, n’a pas grand chose à voir avec celle d’Emmanuel Macron, président de la république française depuis 2017. Si tous les deux sont nés dans le confort matériel, le premier a d’emblée connu un luxe monarchique ; le second a dû patienter avant de pouvoir se prélasser dans un luxe nettement moins ostentatoire, celui de la classe dite supérieure. Dans un pays où le sang royal facilite considérablement l’accès aux plus hauts postes gouvernementaux et entrepreneuriaux, la position sociale initiale de MbS lui a également donné un avantage de départ évident sur Emmanuel Macron.

II.1. ITINÉRAIRE D’UN « TUEUR HYPER-SYMPATHIQUE »

Dès sa plus tendre enfance, semble-t-il, Emmanuel Macron a convoité la première place. Sylvie, une petite cousine, se souvient de parties de pêche dans les Pyrénées : «  Il voulait toujours ramener le plus gros poisson ! » Obsession inoffensive dans le cadre des jeux enfantins, elle ne l’est plus lorsqu’elle perdure, sous d’autres formes et avec d’autres objectifs, à l’âge adulte. Très bon élève durant son adolescence, amateur de théâtre, tennisman, skieur alpin l’hiver, Emmanuel Macron était déjà, de son propre aveu, dévoré d’ambition. À 16 ans, il laisse de côté le petit monde cossu et protégé de la bourgeoisie du quartier Henriville à Amiens. Sans surprise dans l’itinéraire d’un jeune privilégié bien lettré et prometteur, direction Paris et le prestigieux lycée Henri IV. Il intègre ensuite la classe préparatoire hypokhâgne, puis sciences po, l’une des portes d’entrée vers l’école normale d’administration, rampe de lancement vers des postes de hauts fonctionnaires (entre autres) et une rémunération bien grasse. Se remémorant sa jeunesse plutôt dorée, Emmanuel Macron reconnaît, qu’en « montant » à Paris, il était « porté par l’ambition des jeunes loups de Balzac ». Évoquant le jeune Macron, un collègue de l’école normale d’administration le décrit comme « un tueur hyper sympathique, mais un tueur ». Au sortir de l’école, notre « sympathique tueur » opte pour une institution clef de l’État français, où tout tourne autour de l’argent : l’inspection générale des finances, qui gère les deniers publics (Algalarrondo, 2021 ; Janin, 2017 ; Nazaret, 2017).

L’argent d’abord

Bien placé dans ce service interministériel alors qu’il approche de la trentaine, le chef de l’État à venir est repéré par Laurence Parisot, l’ex-patronne du Medef, l’organisation patronale représentant les chefs d’entreprises. Elle a tenté, en vain, de le recruter. Le futur président lui préfère un domaine professionnel connexe au grand patronat. Il choisit un autre groupe réputé où l’argent, ici aussi, coule à flot : Rothschild, la banque d’affaires internationales. Le travail de banquier d’affaires, qu’il exerce de 2008 à 2012, n’est pas pour lui déplaire : « On est comme une sorte de prostituée », dit-il ; « le job, c’est de séduire ». Sa plus grosse opération (neuf milliards d’euros) a consisté à refourguer la filiale laits pour bébés de Pfizer (le géant pharmaceutique), à Nestlé, géant des géants de l’agroalimentaire (Business cool, 2022 ; Nazaret, 2017).

Avide de leadership

Dans un système étatique où le leadership politique fricote systématiquement avec les « grands argentiers », quoi de plus naturel, pour un séducteur ambitieux, que de briguer un poste politique de haut vol ? Cette ambition ne reflète pas seulement l’aspiration d’être élu leader politique numéro 1 en France avec le « meilleur » projet politique. Pour Emmanuel Macron (comme pour MbS), elle exprime aussi une volonté d’exercer une autorité juridique sur la vie d’autrui. Parmi d’autres exemples, deux désirs exaucés d’Emmanuel Macron en témoignent :

Dans les deux cas, le président et son gouvernement attaquent juridiquement des personnes en situation de fragilité : celles habituellement fatiguées par quatre décennies de travail et celles en situation de précarité économique (Derre, Duong, Kebdani, 2023 ; Ifop, L’express, 2023, p.5).

Avant de se hisser à la tête de l’État, Emmanuel Macron a dû « roulé sa bosse politique ». Il fut d’abord recruté comme secrétaire général adjoint au cabinet du président socialiste François Hollande, dont il a participé à la campagne électorale victorieuse. En 2014, le président Hollande le nomma ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique. Encore jeune (36 ans), Emmanuel Macron pouvait dès lors se percevoir comme un membre éminent du théâtre des Français marquants de son époque. Cela ne lui suffisait pas. Le mouvement centriste En marche, qu’il a habilement créé pour succéder à Hollande, a su exploiter trois filons politiques : la mutation logique d’un parti socialiste dont la plupart des grands noms, à l’image d’Emmanuel Macron, se satisfont plutôt bien d’immenses iniquités socio-économiques [Normand, 2023] ; des leaders de droite largement décrédibilisés par diverses affaires ; un mouvement centriste vague et peu dynamique. Quand sonnera pour lui l’heure de la retraite présidentielle, Emmanuel Macron reviendra-t-il  à son premier amour professionnel ? Le contrôle, dans le privé ou le public, de grosses sommes d’argent et le prestige que beaucoup octroient aux postes liés à ce contrôle. C’est bien ce type de contrôle qui l’attire, peut-être davantage que les intérêts financiers personnels. De toute façon, les deux vont de pair. En février 2023, Emmanuel Macron a décerné la légion d’honneur à Jeff Bezos, patron d’amazon et détenteur de l’une des plus grosses fortunes planétaires. En fin séducteur des acteurs économiques majeurs, il prépare probablement déjà sa retraite présidentielle. Dans tous les cas, celle-ci lui assurera un train de vie particulièrement aisé, sinon fortuné, quel que soit son bilan politique (Business cool, 2022 ; Piquard, 2023).

L‘ambition à l’échelle internationale, le désir d’être reconnu par les très hauts placés comme l’un des leurs, ainsi que l’attrait pour le contrôle de l’argent, rapprochent Emmanuel Macron du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Dans une Arabie Saoudite truffée de princes aux dents longues (les princesses ne comptent pas sur l’échiquier politique saoudien), MbS aurait pu végéter dans un train de vie luxueux sans rôle de premier plan. Il n’était pas prédestiné au trône saoudien. Quatre frères plus âgés que lui, deux décédés au début des années 2000, deux autres une dizaine d’années plus tard, lui ont ouvert cette voie (Hubbard, 2020, p.10-12).

Le décor quotidien de Mohammed ben Salmane (Royaume d'Arabie Saoudite, non daté).

II.2. « SON ALTESSE ROYALE »

Il était une fois les Al Saouds

Un professeur d’anglais particulier d’un MbS adolescent évoque le comportement du jeune homme dans son quotidien de palaces : « Apparemment, on lui permettait de faire tout ce qu’il voulait ». Dès son plus jeune âge, si l’on n’appartenait pas au cercle familial et des intimes, on devait s’adresser à MbS  en commençant par « votre altesse royale » (Hubbard, 2020, p.10).

À quoi « son altesse » doit-il ce genre de révérence ? Ses ancêtres s’emparèrent de l’autorité politique en terre arabique au 18ème siècle. Auparavant, sa famille, les Al Saouds, étaient des récolteurs de dattes, également impliqués dans le commerce caravanier. Belliqueux, ils prenaient aussi part aux rivalités et aux batailles entre clans et tribus régionaux. Le statut des Al Saouds changea lorsqu’ils décidèrent de former une alliance avec le sheikh Ibn Abdul-Wahhab. Ce fondateur du courant wahhabiste prêchait une  forme conservatrice et puritaine de l’Islam sunnite, toujours présente aujourd’hui en Arabie. Cette alliance permit aux Al Saouds d’asseoir leur autorité régionale, tout en confiant au sheikh et à ses descendants les affaires religieuses et sociales. Au début du 19ème siècle, l’emprise territoriale des Al Saouds s’étendait de la Mer Rouge au Golfe Persique. Puis les Ottomans les évincèrent du pouvoir pendant près d’un siècle. Au début du 20ème siècle, en s’alliant avec des Bédouins wahhabistes (qu’ils combattirent ensuite pour s’imposer définitivement), les Al Saouds reconquirent leur territoire d’antan. Ils établirent le royaume d’Arabie Saoudite en 1932. Au cours des années 1930, d’immenses quantités de pétrole furent découvertes en Péninsule Arabique. La richesse des Al Saouds remonte à cette époque. Quelques années plus tard, elle fut pérennisée par les États-Unis au moyen d’un accord garantissant l’accès des Américains au pétrole saoudien en échange d’une protection contre les attaques étrangères (Frontline, 2005 ; Hubbard, 2020, p.5-6).

Même si le temps de la prépondérance du pétrole sur le marché de l’énergie est compté [IEA, 2022, p.435-436], l’Arabie Saoudite continue de bénéficier d’une relation privilégiée avec l’Amérique, fondée sur ce vieil accord. En 2022, les deux pays ont signé une nouvelle série d’accords importants (énergie, haute technologie, santé, etc.) qui préserve leur étroite coopération concernant le pétrole et la défense. MbS y a activement participé. Vingt ans plus tôt, rien ne laissait présager que le prince héritier deviendrait un acteur clef à ce niveau. Adolescent au début des années 2000, après la mort de deux de ses frères, MbS se rapprocha de son père, un traditionaliste alors gouverneur de la capitale du royaume. C’est auprès de celui-ci qu’il apprit, et retint, d’innombrables leçons sur les manières de « bien » utiliser l’autorité et d’entretenir les relations qui comptent. Au final, cette proximité prolongée avec son père lui a probablement permis de supplanter d’autres frères, eux aussi candidats au titre de prince héritier (Hubbard, 2020, p.10-12 ; The White House, 2022).

MbS « le Grand »

Attaché à l’Arabie Saoudite, MbS choisit d’y étudier le droit. Il s’imaginait, selon un camarade étudiant, en un leader de la trempe d’Alexandre le Grand, le roi macédonien qui conquit une partie du sud-ouest asiatique au quatrième siècle avant Jésus-Christ. En attendant d’éventuelles conquêtes, MbS, jeune diplômé, s’aventura dans des domaines un brin moins grisants :  l’immobilier et l’investissement boursier (Hubbard, 2020, p.15).

Rongeant son frein au début des années 2010, il n’hésitait pas à comparer sa créativité à celle d’un Bill Gates (fondateur de microsoft) ou d’un Mark Zuckerberg (créateur de facebook). Amorçant une carrière politique, il dut d’abord se contenter d’un rôle subalterne au ministère de la défense. Il fut casé là par le roi Abdallah, qui ne l’appréciait guère, aux côtés de son père, devenu ministre. À la mort d’Abdallah en 2015, le père vieillissant de MbS (79 ans) accéda au trône saoudien, confiant à son fils le convoité ministère de la défense. Celui-ci ne perdit pas une seconde. Dans la foulée, MbS créa les conseils suprêmes du développement économique et de la sécurité ; il réduisit les dépenses gouvernementales ; il ordonna l’attaque des Houthis, groupe yéménite minoritaire en quête d’indépendance ; et il prit la tête d’Aramco, principale société pétrolière saoudienne (en laissant le titre de chef d’entreprise à Amin H. Nasser). Son ascension fulgurante augmenta sa fortune de quelques milliards d’euros. Il ne restait plus qu’une marche à franchir pour le trentenaire conquérant (Hubbard, 2020, p.15, 27, 30-31, 39-40).

Nommé premier ministre par son père en 2022 et par conséquent dirigeant de facto du pays, MbS a une vision pour son royaume. Il mise énormément sur un programme national de développement tous azimuts lancé en 2016. Intitulé Vision 2030, il ne laisse aucun Saoudien le contrecarrer ou le ralentir. Outre l’élimination du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens en 2018 (voir la 1ère partie), il  se débarrasse, via la police et les tribunaux royaux, de la moindre dissidence. Aux ordres du roi et du prince héritier, les tribunaux saoudiens pourchassent inlassablement, non seulement les opposants au régime en place, mais aussi de simples critiques influents sur le net, les faisant condamner à des peines de prison très longues, parfois plusieurs décennies (Parstoday, 2023).

Sans rien abandonner de la chasse anti-dissidents et de la manne pétrolière (jusqu’à l’épuisement total des réserves ?), l’ambition de « vision 2030 » est surtout celle de MbS, le vrai moteur du projet. Il entend donner au royaume saoudien une économie prospère, plus diversifiée qu’aujourd’hui, dans le cadre d’une société « dynamique ». « Vision 2030 » est en fait un programme gouvernemental qui ratisse très large. Il vise l’amélioration de la qualité de vie (santé, logement, éducation, etc.), le développement de l’économie saoudienne via l’emploi, l’industrie, la privatisation, l’investissement public et étranger, ainsi qu’une plus grande efficacité gouvernementale. La construction de matériel militaire en Arabie, ainsi que le renforcement de l’identité nationale et islamique, font également partie de la « vision » de MbS. Sur dix ans (2021-2030), elle devrait coûter 3300 milliards de dollars au royaume. Des pétrodollars, avant tout… (Kingdom of Saudi Arabia, 2022 [b], 2022 [c] ; Ministère de l’économie et des finances, 2021)

Le pétrole continue donc de jouer un rôle capital en Arabie Saoudite… Comme en France.

MbS en 2018 (Brookings, 2018).

II.3. « VISIONS » ET MIRAGES CONCORDANTS

Horizons verdâtres

En cette période de réchauffement climatique accéléré, l’État français ne veut surtout pas manquer de pétrole. C’est l’une des raisons pour lesquelles, au cours des dernières années, la France a tout fait pour diversifier ses fournisseurs de produits pétroliers. Logiquement, la part saoudienne dans le total de pétrole brut importé vers la France a donc baissé. En 2021, elle gravitait autour de 8%. À cela il faut ajouter les produits pétroliers raffinés en provenance d’Arabie Saoudite. Au total, la France importe environ trois milliards d’euros annuels de produits pétroliers saoudiens. « En contrepartie », si l’on peut dire, la France exporte son lot de marchandises contribuant au réchauffement climatique vers le royaume de MbS. Au premier rang de celles-ci figurent 840 millions d’euros (pour la seule année 2021) de matériel aéronautique Airbus, pour un total de 200 Airbus A320 livrés aux Saoudiens d’ici à 2026. Au-delà également du milliard d’euros annuels d’armements vendus par la France aux Saoudiens entre 2012 et 2021 (voir la 1ère partie), tous ces chiffres pourraient bientôt faire pale figure au regard des affaires franco-saoudiennes souhaitées par les deux États (Direction générale du trésor, 2023).

Pour mieux préparer une désintoxication progressive mais inéluctable au pétrole, encore lointaine en Arabie, MbS veut entre autres métamorphoser Aramco, le géant pétrolier saoudien. L’idée serait d’en faire un grand « conglomérat industriel ». Pour l’instant, on en est loin. Autre démarche « visionnaire » en ces temps de climat en surchauffe aux quatre coins du globe, produire 58 gigawatts grâce aux énergies renouvelables à l’horizon 2030. « Vision 2030 » prévoyait plus de 27 gigawatts issues des énergies renouvelables dès 2023. Or, fin 2022, le pays ne dépassait pas les 2 gigawatts… Selon les experts, l’objectif de 58 gigawatts en Arabie Saoudite en 2030 ne sera jamais atteint (20 gigawatts au maximum selon eux). Quand bien même, 58 gigawatts n’est pas si ambitieux que cela pour un pays de 35 millions d’habitants aussi riche en dollars et en soleil, et aussi gourmand en électricité. À titre comparatif, en 2022, l’éolien terrestre français générait 20 gigawatts [La Tribune, 2023], soit seulement 7,5% de l’électricité produite en France [Ministère TECT, 2023] (Kingdom of Saudi Arabia, 2022 [a], p.49 ; Power technology, 2022).

Au cours des décennies 2020 et 2030, le royaume saoudien demeurera d’abord une économie extractive, pétrole en tête. Il est toujours le second producteur mondial de pétrole derrière les États-Unis. En 2022 et avant tout grâce au pétrole (au gaz dans une bien moindre mesure), l’industrie saoudienne Aramco a enregistré des profits records, estimés à 161 milliards de dollars [Aljazeera, 2023]. Emmanuel Macron, parmi d’autres influenceurs internationaux, y a contribué. En mars 2022, lui et les autres chefs d’État du G7 ont demandé aux pays de l’OPEP (dont l’Arabie Saoudite fait partie) d’augmenter leur production de pétrole, à la fois pour diminuer la dépendance au pétrole russe et pour éviter une envolée des prix à la pompe. Le président français a réitéré sa demande durant l’été 2022. Néanmoins, prudent, MbS se garde bien d’augmenter fortement la production pétrolière, afin de ne pas faire chuter le prix du baril. Hormis le pétrole et le gaz, l’Arabie Saoudite est déterminée à accélérer l’extraction de ses métaux. « Vision 2030 » planifie l’exploitation accélérée de toute une série de métaux, en particulier l’aluminium, le cuivre, l’uranium et l’or, tout en créant 90000 emplois dans ce secteur en dix ans. À titre indicatif, l’industrie métallurgique émet environ 10% des gaz à effet de serre à l’échelle planétaire (extraction, fonte et raffinage) (BP, 2022, p.15 ; Conseil européen, conseil de l’UE, 2022 ; Europe 1, 2022IEEFA, 2022 ; Kingdom of Saudi Arabia, 2022 [a], p.49 ; Motoshita et al., 2022).

Le gouvernement français semble approuver les grands projets de Vision 2030, y compris ce développement des industries extractives.

Octobre 2021 : le pdg du groupe pétrolier français TotalEnergies (Patrick Pouyanné) et celui du géant pétrolier saoudien Aramco (Amin H. Nasser) lancent un réseau de 270 stations-services à travers l'Arabie Saoudite sous la marque Aramco ou TotalEnergies (Journal de l'économie, 2021).

Macron : « Accompagner la vision du prince Mohammed »

Dans le contexte de l’invitation de MbS à Paris par Emmanuel Macron en juillet 2022, le président saoudien du conseil d’affaires franco-saoudiennes a affirmé que les deux pays étaient « au début d’un cycle d’investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros ». Un cycle alimenté par le souhait du président français de voir le secteur privé français profiter de la vision princière (Sfeir, 2022).

Dès 2018, Emmanuel Macron s’est montré enthousiaste à son sujet :

Cette relation économique, elle passe, d’une part, par le développement d’entreprises françaises qui peuvent accompagner les projets et la Vision 2030 du prince Mohammed. [… ] Nous avons des compétences, des savoir-faire qui justifient pleinement la part de nos entreprises. […] Ce partenariat économique, je le souhaite, permettra d’intensifier notre relation (Élysée, 2018).

Lors de la rencontre Macron – MbS à Paris en juillet 2022, le président français ne voyait toujours pas l’ombre d’un mirage dans la « vision » du prince du désert. Il a continué de l’applaudir en encourageant la participation des entreprises françaises :

Rappelant les efforts menés par le Royaume d’Arabie Saoudite pour diversifier son économie dans le cadre de la Vision 2030, le Président de la République a marqué la disponibilité des entreprises françaises à accompagner cette transformation, notamment dans les domaines de la transition énergétique. Il a rappelé le savoir-faire reconnu des entreprises françaises en matière de villes durables, de numérique, ou de transports. Le Président de la République a également salué la volonté saoudienne d’accroître ses investissements dans le tissu industriel et productif français (Élysée, 2022).

Sur quatre points centraux, à savoir la transition écologique saoudienne, le savoir-faire des entreprises tricolores « en matière de villes durables, de numérique ou de transport », Emmanuel Macron omet juste de rappeler certaines réalités :

  1. La transition écologique saoudienne, toute relative, est dépendante des pétrodollars.
  2. Les grandes villes françaises restent férocement inégalitaires, gangrénées par un coût du logement d’ordinaire extrêmement élevé et sans rapport avec la valeur concrète du bien ; polluées à des degrés divers, encore dominées par les déplacements en voiture, en cours de densification planifiée dans un tissu urbain souvent déjà trop dense, ces grandes villes françaises s’opposent à des campagnes largement dévitalisées (Brès, 2020 ; Marten-Pérolin, 2022 ; Mediapart, 2022 ; France stratégie, 2022, p.5, 7, 9, 11-13 ; RFI, 2019).
  3. Les pôles français du numérique sont loin de rivaliser avec les leaders mondiaux, américains et chinois en particulier (lafinancepourtous, 2022).
  4. En France, le secteur du transport reste dopé, soit au pétrole pour sa plus grande partie, soit à une électricité majoritairement d’origine nucléaire et donc dépendante de l’extraction d’uranium à l’étranger (Ministère TECT, 2022).

En 2021, en attendant leur croissance recherchée, les investissements français directs en terre saoudienne s’élevaient déjà à trois milliards de dollars. 130 industries françaises (transport, aéronautique, énergie, traitement de l’eau, gestion des déchets, etc.) y opèrent (TotalEnergies, Engie, EDF, Air Liquide, etc.). Fin 2021, afin notamment de renforcer la place de la France et de ses entreprises en Arabie Saoudite, une série d’accords intergouvernementaux ont été signés entre les deux pays dans les secteurs du tourisme, de la culture, de l’économie numérique et de l’espace. Dans la foulée, fin 2022, le ministre français de l’économie et des finances (Bruno Le Maire) s’est rendu au Future investment initiative organisée dans la capitale saoudienne de Riyad, en compagnie « d’une importante délégation de dirigeants et de chefs d’entreprises français ». Parmi leurs cibles possibles, les 500 milliards de dollars prévus par MbS pour bâtir Neom, une ville futuriste en plein désert « pensée comme un hub technologique » et hyper automatisée (Gautherie, 2022 ; Levesque, 2022).

Juillet 2022 : Emmanuel Macron discute affaires avec MbS à l'Elysée (AFP, Al-Jaloud, 2022).

Ensemble, au lithium, à l’uranium et aux pétrodollars

Dans cette partie, je m’aventure un peu plus loin que l’examen de projets économiques franco-saoudiens. Emmanuel Macron et MbS se présentent comme des leaders progressistes en matière de préservation de l’environnement et de lutte contre le changement climatique. Quel est donc l’impact environnemental de grands projets phares français et saoudiens ? (Chauveau, 2022 ; Kingdom of Saudi Arabia, 2022 [c])

D’un point de vue financier, la « vision » pharaonique de MbS pour 2030 repose donc fortement sur les quelques 297 milliards de barils de pétrole encore exploitables en Arabie Saoudite. Elles représentent les 2èmes réserves à l’échelle mondiale, derrière celles du Venezuela (sur lesquelles lorgne également le président Macron, l’approvisionnement en pétrole russe étant remis en cause avec la guerre en Ukraine). Au rythme actuel de production de pétrole brut saoudien (11,5 millions de barils par jour en 2022), il resterait environ 70 ans de production pétrolière au royaume de MbS. Pour le moment, d’autres pays (Algérie, Kazakhstan, Libye et Nigéria) abreuvent davantage la France en pétrole que l’allié saoudien. Mais l’État français n’ignore rien des copieuses réserves saoudiennes. En tout état de cause, profiter de l’argent saoudien tiré du pétrole ne lui pose pas de problème, même si la combustion des hydrocarbures est l’un des grands responsables du réchauffement climatique en cours (AP, 2023 ; BFMTV, 2022 ; BP, 2021, p.16 ; ClientEarth, 2022 ; Direction générale du trésor, 2022 ; Insee, 2022 ; U.S. EIA, 2022 ; WMO, 2021 ; WPR, 2023).

En dépit des discours macronistes sur la transition écologique depuis 2017, la France continue d’avaler ses produits pétroliers comme des smarties. En 2022, le pays en a consommé 55,5 millions de tonnes, soit plus qu’en 2021, sans atteindre le pic d’avant covid (en retrait de 5,4 % par rapport à 2019). Par ailleurs, depuis un quart de siècle et en dehors de l’exceptionnelle année 2020 marquée par le covid, la consommation française de carburants routiers a toujours dépassé les 40 millions de tonnes annuelles (Élysée, 2023 [a] ; MTE, 2023 ; Énergies et Mobilités, 2023).

Si les consommateurs de pétrole ont encore de beaux jours devant eux au 21ème siècle, la débauche pétrolière à long terme n’est plus envisageable. En France comme en Arabie Saoudite, la mobilité du futur appartiendrait aux propriétaires de voitures électriques. En Arabie, 600 milliards de dollars, tirés du fond d’investissement public saoudien, vont servir à réduire l’usage des voitures à carburant pétrolier au profit des véhicules électriques. Des partenariats avec BMW, EV Metals pour les batteries (Australie), Enovate (Chine), Foxconn pour l’innovation technologique (Taïwan), Hyundai et Lucid Motors (U.S.A.) pourraient permettre aux Saoudiens de produire jusqu’à 500 000 voitures électriques par an d’ici à 2030. Le but est d’offrir la même facilité de déplacement individuel à la même vitesse qu’aujourd’hui pour les personnes qui peuvent se le permettre, carburant conventionnel en moins. Aucun changement significatif de mode vie en perspective pour ce qui est de l’usage de la voiture, ni en France, ni en désert arabique. Ni Emmanuel Macron, ni MbS, ne se préoccupent sérieusement de l’impact environnemental d’une orgie mondialisée de véhicules électriques. Le président français se hasarde même à lancer l’objectif (aussi farfelu que celui de MbS en termes d’énergies renouvelables ?) de 100% de véhicules électriques en France… d’ici douze ans (Al-Atrush, 2023 ; Barré et al., 2022 ; Birch, 2022) :

Nous assumons cet objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035. Il est nécessaire pour tenir nos objectifs climatiques [et c’est] une opportunité pour réindustrialiser notre pays (Barré et al., 2022).

Cet objectif présidentiel n’a rien d’un engagement juridiquement contraignant. Dans l’air du temps, il s’agit de faire un buzz.

Fin 2022, en échos aux propos du président Macron, MbS et son royaume ont lancé leur première marque saoudienne de véhicules électriques. Baptisée Ceer, elle est, pour MbS, le moyen

d’initier une nouvelle industrie […] capable d’attirer des investissements locaux et internationaux, de créer des opportunités d’emplois pour les talents locaux, tout en contribuant au PIB saoudien au cours de la décennie à venir (Middle East Monitor, 2022).

Au cours de la durée de vie d’une voiture de taille moyenne, une voiture électrique émettra 40 à 50% des gaz à effet de serre émis par une voiture à carburant conventionnel, fabrication et production d’électricité incluses (sans compter les émissions due à l’extraction des métaux et des minéraux nécessaires à la fabrication). Avec des émissions environ deux fois moindres, l’impact environnemental nuisible des véhicules électriques reste élevé, compte tenu d’un marché global gargantuesque (IEA, 2022).

Quel est donc l’impact de l’extraction des métaux et minéraux utilisés pour les produire ? Prenons l’exemple du lithium, métal indispensable à la fabrication des batteries des véhicules électriques. Son extraction réduit et dégrade les ressources en eau dans l’espace environnant, produit d’importantes quantités de déchets minéraux et altère le cycle hydrologique local. Au rythme prévu d’extraction, les ressources planétaires en lithium pourraient s’épuiser assez rapidement. Aujourd’hui, la plupart des batteries requièrent en plus du cobalt et du nickel. Dans ces conditions, la durabilité à moyen terme des véhicules électriques, tels qu’ils sont actuellement conçus, est incertaine. D’autant plus que le taux de recyclage des batteries au lithium, négligeable aujourd’hui (largement moins de 10%), reste lui aussi incertain dans les décennies à venir. Parmi les obstacles au recyclage figurent son coût élevé, la grande diversité des batteries existante, ainsi qu’un transport et une manipulation extrêmement délicats. Autant de défis dont on ne sait pas si l’on pourra les relever d’une manière efficace pour la majorité des batteries au lithium en circulation. Aux États-Unis, des spécialistes estiment, qu’au maximum, 27% du lithium des batteries des véhicules électriques proviendra du recyclage… en 2050 [Dunn et al., 2022, fig.2]. Enfin, qu’elles soient électrique ou à combustion interne, les centaines de millions de voitures en circulation polluent les masses d’eau, les sols, notre sang et nos organes à cause des particules et des polluants ultra-fins que leurs pneus (en caoutchouc synthétique) produisent en roulant (en moyenne 36 milligrammes par kilomètre et par pneu pour un pneu usagé d’une voiture de taille moyenne) (Al-Atrush, 2023 ; Columbia climate school, 2023 ; Dunn, 2022 ; Dunn et al., 2022, fig.2 ; Emmissions Analytics, 2022 ; IEA, 2022 ; Sydney Adams, 2022).

Sur un plan énergétique et minier, Emmanuel Macron et MbS ont également des visions proches l’une de l’autre, en termes d’uranium et d’énergie nucléaire par exemple. En 2023, dans le cadre du projet gouvernemental « France 2030 », le chef de l’État français et son gouvernement :

Depuis plus de quarante ans maintenant, les décideurs français se satisfont d’une France hautement nucléarisée et totalement dépendante de fournisseurs étrangers en uranium (Niger, Canada, Kazakhstan, Ouzbékistan, etc.). Le coût de construction de l’infrastructure nucléaire française devient faramineux : il est estimé à 170 milliards d’euros [Isotope energy, 2021]. Depuis les années 1980, l’énergie d’origine nucléaire couvre, selon les années, 60 à 79% de la consommation française d’électricité. Emmanuel Macron et de nombreux autres chefs d’États à travers le monde sont prêts à risquer le tarissement de l’uranium, disons à moyen terme compte tenu des ressources existantes. Les catastrophes environnementales en cas d’accident nucléaire grave et le stockage souterrain de déchets extrêmement toxiques, à très longue durée de vie, sont relayés au rang de soucis mineurs, « gérables » (Basta!, 2023Cyprès, 2023Élysée, 2023 [b] ; Greenpeace, 2023 ; Vie publique, 2022 ; Statista, 2022).

Même son de cloche à la gloire de l’uranium et du nucléaire en désert arabique, à plusieurs différence près :

  • Le royaume saoudien est assis sur d’importantes réserves d’uranium qu’il compte exploiter massivement.
  • Il doit encore amorcer la construction de son premier réacteur nucléaire.
  • Les Saoudiens ne sont pas aussi extrémistes que l’État français en termes d’énergie nucléaire comme source d’électricité. L’Arabie Saoudite mise davantage sur le solaire, du moins dans un futur proche. Pour l’instant, elle vise dix-sept gigawatts de capacité nucléaire en 2040 (Arab News, 2022 ; Guercio, 2022).

té uranium, début 2022, le ministre saoudien de l’énergie (le prince Abdelaziz ben Salmane) préparait son pays à un forage imminent :

Nous avons une énorme quantité de ressources en uranium que nous aimerions exploiter […]. Nous amènerons des partenaires à cet effet. Nous l’exporterons, nous le fabriquerons et le développerons ; nous rentabiliserons commercialement cette ressource (Arab News, 2022).

Cela fait plusieurs années que l’État français et l’entreprise EDF (exploitante du parc nucléaire français) tentent de convaincre MbS de confier à cette entreprise la construction des premiers réacteurs nucléaires saoudiens. Mais la Chine est aussi sur les rangs avec un tarif discount. En dehors de cet accroc, la France continue de faire le maximum pour s’affirmer comme un partenaire économique majeur du royaume saoudien. En janvier 2023, Emmanuel Macron a renvoyé son ministre de l’économie pour une nouvelle rencontre avec MbS, axée sur le business bilatéral entre les deux États. Deux mois plus tôt, dans un contexte de relations franco-saoudiennes au beau fixe, le groupe pétrolier français TotalEnergies et le saoudien Aramco ont validé un investissement commun pour bâtir un nouveau complexe pétrochimique en Arabie. Modestement baptisé « Amiral », il coûtera onze milliards de dollars. TotalEnergies (et les consommateurs français) pourront ainsi bénéficier d’hydrocarbures « parmi les moins chers de la planète ». En mars 2023, Emmanuel Macron et MbS se sont à nouveau entretenus, au téléphone cette fois. Selon la présidence française, les deux chefs d’État « se sont félicités du dynamisme de leur relation bilatérale » ; ils ont « échangé sur les domaines dans lesquelles cette coopération pourrait être encore renforcée, notamment pour ce qui est des questions de défense et d’énergie » (, 2023 ; Gaveriaux, 2023 ; Les Echos, 2022 ; L’Orient – Le jour, 2023).

Décembre 2022 : l'Arabie Saoudite lance sa première marque de véhicules électriques (Ceer) (Arabad, 2022).

CONCLUSION

Malgré des parcours de vie fort contrastés, le président français Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se retrouvent dans leur vision du futur. En fait, ils ne voient guère plus loin qu’un futur proche :

  • où les dirigeants de grandes entreprises, les grandes fortunes, les grandes banques et la classe politique dominante s’allient pour dicter l’agenda ;
  • où, au 21ème siècle « comme au bon vieux temps », les pétrodollars continuent de jouer un rôle économique clef ;
  • où l’on exploite à l’excès les ressources du sous-sol comme le lithium ou l’uranium, afin de ne quasiment rien changer, dans le fond, à un mode de vie énergivore, hyper-mobile et sur-urbanisé, forcément néfaste à l’environnement ;
  • où tous les deux appartiennent aux architectes du futur, par leur contrôle de l’argent, par celui des forces de l’ordre, à leur service, et par leur usage de la loi.

En dépit des apparences, les deux hommes ne sont pas si éloignés que cela sur le plan politique. S’ils diffèrent sur les moyens d’arriver à leurs fins, les deux n’hésitent pas à forcer la population à s’adapter à leurs desseins :

  • MbS, en tant que dirigeant de facto d’un royaume répressif, peut éliminer l’opposition politique comme bon lui semble ;
  • Emmanuel Macron profite des lois existantes pour imposer sa vision, bien que son mouvement politique ne rallie qu’une minorité de la population française ; tantôt implicitement, tantôt explicitement, il brandit la menace du recours à la force armée en cas de débordement populaire contre ses projets présidentiels.

Et puis, bien sûr, ils partagent cet attrait pour un luxe réservé à une sorte de néo-noblesse plus riche encore que la haute noblesse d’Ancien Régime. Le président français accepte d’autant mieux les dépenses louis quatorziennes de MbS en France (un yacht à 400 millions d’euros près de Marseille et un château à 300 millions à Louvenciennes) que lui-même se pâme, à l’occasion, devant les symboles de l’industrie nationale du luxe. En juin 2021, le président français s’est spécialement déplacé pour inaugurer un grand magasin prisé des fortunés, en compagnie du Français Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde, également dirigeant de LVMH, l’un des leaders mondiaux du luxe. Le magasin inauguré (la Samaritaine) propose, au cœur de Paris, 600 marques de luxe, ainsi qu’un hôtel et un restaurant de haut standing. Lors de « l’évènement », Emmanuel Macron a salué « un art de vivre français ici » et « l’excellence » du groupe LVMH (Fashion network, 2021 ; Hubbard, 2020, p. 5, 41).

Notre président, futur VIP d’un grand groupe international, directeur du Fonds monétaire international, ou encore président de la commission européenne ? Il aura sûrement l’embarras du choix. D’ici là, en bon flatteur attendant rétribution, il peut savourer les fruits de « l’accueil chaleureux », qu’il a, selon MbS lui-même, réservé à ce dernier lors de sa visite officielle en France en 2022 (Prati, 2022).

Juin 2021 : Emmanuel Macron inaugure le nouveau magasin parisien de la Samaritaine, symbole du luxe à la française, en compagnie de son propriétaire, Bernard Arnault, l'homme le plus riche du monde (AFP, Archambault, 2021).

Note à propos de l’évolution très récente de l’implication saoudienne au Yémen

En mai 2023, l’Arabie Saoudite, lassée d’un engagement dispendieux et infructueux au Yémen, co-responsable de centaines de milliers de victimes, paraît sur le point de se retirer du conflit. Depuis plus de huit ans, elle y soutient militairement le régime yéménite en place contre une rébellion menée par la minorité houthie (voir la 1ère partie). Cette dernière contrôle une large part du sud-ouest du Yémen, dont sa capitale, Sanaa. Au printemps 2023, des officiels saoudiens ont rencontré des homologues houthis et iraniens (l’Iran soutient les Houthis) pour réfléchir à un accord. Son but serait de mettre fin aux hostilités. Cependant, il est encore beaucoup trop tôt pour affirmer que les Saoudiens et les autres acteurs du conflit signeront un accord durable, capable de mettre un terme, non seulement à la guerre, mais aussi à un blocus qui a fait tant souffrir des millions de Yéménites (Juneau, 2023).

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